Avoir une relation aux choses en conscience des choses et de soi


Avoir une relation aux choses en conscience des choses et de soi et des différents niveaux de connaissances auxquels nous pouvons avoir accès est aussi prendre conscience du monde qui nous entoure non pas comme indépendant de nous, mais comme partie de nous-mêmes .

Quand je suis en présence d’une chose :
Je peux ne voir qu’une chose dans mon champ de vision, sans y prêter attention, mes sens sont activés mais je ne prête pas attention à cette chose. C’est une chose matérielle que j’identifie comme obstacle et que j’évite pour ne pas m’embroncher dans mon déplacement en cours.
Je peux voir de la couleur comme étant une chose rouge, la sensation de couleur s’active et une relation s’établit entre elle et moi. Est-ce moi qui vais prendre cette information dans la chose disposant de couleurs ou bien c’est elle qui m’envoie cette information sur sa couleur ?
Je peux en même temps voir cette chose rouge comme étant une fleur et donc la nommer : je procède à une identification de cette chose que je reconnais comme étant une rose. En la nommant je fais ressurgir les données dont je dispose sur cette rose, les souvenirs que j’en ai, mes expériences sensibles avec elle par acquintance.
Je peux en même temps voir la rose, voir sa couleur et sentir son odeur, prendre cette rose dans ma main et la regarder : plusieurs sens se mêlent, la vue, le toucher, l’odorat me donnant d’autres informations sur cette rose. La conscience que j’en ai devient plus complète. Il y a interaction entre plusieurs sens, une combinaison des sens. Serions-nous proches de la perception ?
Cette rose peut s’imposer à moi et il m’est possible de prendre conscience d’elle différemment : la vue, le toucher, l’odorat mais aussi la fragilité, les traces du temps sur les feuille de la périphérie. Ma relation s’intensifie et d’autres informations s’activent : la tête un peu mole sur la tige me fait comprendre qu’elle manque d’eau et qu’elle est une forme de la vie qui doit se nourrir d’éléments autres que ceux dont elle dispose, mais en relation avec le monde, à la fois partie du monde incorporé se transformant dans l’intérieur des choses, devenant les choses et le monde présenté, à l’extérieur, à la fois visible et montré. (Sera développé plus loin.)
Je peux également ouvrir mon champ de vision et voir ma main qui tient cette rose : comme naturellement la relation s’élargit encore et je rentre en relation, non plus comme extérieur à la relation mais au contact dans cette relation : mon corps apparaît. Je prends conscience de ma participation jusqu’alors inconsciente, pas encore activée dans la conscience de la relation mais encore à l’extérieur de la relation. Certains pourraient dire que la relation physique existe, certes mais nous sommes là dans la conscience naissante de cette relation. L’information sur le monde est aussi une information sur moi comme participant à la relation avec cette rose, en conscience de la relation. Regarder une rose comme à l’extérieur de soi reste une toute autre information tronquée d’une partie de la relation. Là, je peux prendre conscience de mon corps, de moi dans cet endroit et, de la rose qui est sur le rosier et, de la fleur que je tiens dans ma main. Ma perception s’élargit encore.
Je peux ressentir une sensation de joie en associant cette rose à une personne ou à une idée, par exemple au souvenir de l’été dernier : encore d’autres informations se mêlent. Celles des objets inexistants dans la réalité sensible mais seulement dans notre conceptualisation.



(Dans cette illustration de notre idée, le lecteur, s’il le désire, peut mener l’expérience avec la chose la plus simple possible de son choix, à portée de main. Il est cependant nécessaire de garder chacun des éléments des phénomènes perceptifs devenus siens, dès lors qu’ils sont activés. Ce serait, pour le cas réducteur de procéder au remplacement des uns par les autres, voire de ne garder que le dernier en acte.)


A ce stade, sont à la conscience et participent de l’échange non seulement la chose, la couleur, l’odeur, la fragilité, les marques du temps, la fleur nommée, le rosier, le rosier vivant dans le monde et constitué de parties du monde contribuant à sa vie, mais aussi dans mon champ de vision, ma main, mes pieds, une partie de mon corps vu de haut, la conscience de mon existence matérielle, moi-même en vie, en conscience de l’être en relation avec cet autre.
Je peux prendre conscience de ma liaison dans le monde avec cette simple rose et ce rosier. Les sensations, les sentiments, les perceptions, les conceptions sont mêlées, dans une information sur le monde et sur nous-mêmes en conscience du monde et de nous-mêmes, en relation au monde.
Je peux élargir encore mon champ de perception : de l’autre côté du rosier un autre être humain tient également une des roses avec sa main en me regardant, en nous sachant reliés autrement que par ce rosier mais dans la conscience partagée d’Etre, dans la con-prégnance du monde. Cette expérience sensible demande un acte volontaire soutenu ce qui n’est pas « naturel » pour nous car nous obligeant à faire acte mental de cumulation des données des sensations et des perceptions, et à accumuler ces données alors que les organes que nous mettons en branle ne font « naturellement » ou instinctivement ou raisonnablement pas ce genre d’accumulation, de collection. Devant traiter l’information utile ils ont tendance à ne garder que l’information utilisable, directement exploitable en fonction des capacités qui sont les leurs et pour lesquelles ils existent dans leurs développements.
Dit autrement, les organes des sens et les phénomènes perceptifs sont régis par l’instinct et la raison et participent d’une mentalisation de l’extérieur et de notre place dans le monde, notre distance aux choses, c’est pour cela que nous ne gardons que peu des informations que nous avons à proximité.

Quand nous sommes en présence d’un arbre, il nous importe peu de savoir le nombre de feuilles dont il est couvert, nous ne saurions que faire de telle information ni où la stocker, ni dans quelle mémoire ni même quelle devrait être la taille de cette mémoire. Il nous est donc nécessaire que nous n’y ayons pas accès, normalement. Par contre, repérer son ombrage si nous cherchons à nous abriter est bien plus important quand nous voulons nous protéger du soleil. De même, percevoir une atmosphère dangereuse dans un groupe ou une tension, semble plus important que de connaître les individus qui composent ce regroupement de personnes. De ce fait, appliqué aux individus qui constituent ce groupe, ce regroupement va agir collectivement se sentant dans une obligation instinctive commune mais perçue individuellement, que Durkheim pourrait nommer fait social.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

je te renvoie aux idées directrices pour une phéno de husserl, c'est proprement ton sujet..